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Tchernobyl a trente-six ans (26 avril 1986) et l'on pensait que l'accident était entré dans une forme de collusion lente avec le présent, insidieuse, aussi discrète que les radioéléments. Mais le Kremlin est venu charruer dans la zone interdite, et toute la région de Tchernobyl (les districts d'Ivankiv, Naroditchi et Slavoutitch, avec des nuances) a vécu l'occupation russe. Au sinistre chronique de l'accident nucléaire s'ajoute la guerre : un gros coup sur la tête et trente-six chandelles.

Nous prétendons connaître la région parce que nous la fréquentons depuis quinze ans, parce que nous parlons un minimum d'ukrainien, parce que certains habitants sont quasiment de la famille. Tout simplement parce que les séjours là-haut valent dix, dans l'intensité chaleureuse de ces vies ordinaires en zone extraordinaire, comme Anne le dit très bien.

Nous préparions un nouveau séjour, trois semaines en avril — en fait, on devrait être là-bas en ce moment-même. Le dernier voyage datait de 2019, un tour des districts justement, avec en point de mire la réunion scientifique annuelle d'INUDECO à Slavoutitch. On peut lire le journal de ce voyage avec Jean et Olga ici.

Après deux ans d'interdiction pandémique, en préparant ce voyage 2022 avec Olga, elle par Skype depuis Irpin, banlieue nord-ouest de Kiev, nous ne savions pas que le nom de sa petite ville deviendrait familier à nos contemporains et pour des raisons qui n'auraient rien à voir avec notre intérêt pour la zone contaminée de Tchernobyl. Olga ne croyait pas à une invasion générale. Quitter son appartement ne devient évident qu'aux premières bombes.

Notre équipe est hétéroclite, avec une expérience variable de ces territoires. Mais se mobiliser va de soi : aller chercher Olga à la frontière polonaise, la ramener, l'héberger, l'entourer. Elle quitte finalement le pays avec sa belle-soeur, Irina, et Fidèle le chien. Les maris restent, la mobilisation a été déclenchée. Mais le lien téléphonique perdure, avec les parents aussi et avec le pays donc.

Il en va autrement pour le Nord :  le lendemain de l'invasion, un bref coup de téléphone de Tola, coincé avec sa femme et les deux enfants dans une cave à Ivankiv, un autre de Valera, avec sa plus jeune fille, à Horodeschino, réveillés au petit matin du 24 par les jets de missiles de la frontière biélorusse. Pour secouer Valera, il en faut. Ensuite plus rien. Le silence radio habituel des crises. Des rumeurs sur les exactions russes, l'arbitraire, le manque de nourriture, de chaleur, d'eau peut-être... Comment savoir ? Quoi faire ?

Collecter l'argent nécessaire au voyage d'Olga et d'Irina, à leur "atterrissage" en France, se fait sans expérience. Nos voyages sont autofinancés, Tchernobserv n'est pas une structure constituée en personne morale : depuis quinze ans, c'est une affaire personnelle . Mais nous anticipons les besoins de l'après-guerre (quand ?) dans une zone déjà sinistrée par trente-six ans d'un genre d'après-guerre interminable (l'accident nucléaire). Que peut-on faire ? Que faudra-t-il ?

Nous ne savons pas très bien encore. Il nous faut parler avec les amis, les responsables administratifs qui nous connaissent. En attendant, il faut se mettre en ordre de marche, créer cette association, rassembler des moyens d'agir.

Pour tous les français qui sont allés du côté de Tchernobyl, pour celles et ceux à qui nous avons proposé de trinquer ici, à coups de mini-verres de vodka, Boudmo ! sonne comme une évidence, un peu exotique, un peu bizarre, sympathique, énergique, un voeu de réalisation. Soyons, donc.

Agenda

Par Pkobel — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=72625312
Concerts
26 avril 2024 à 20h 30

Poésie et concert sous casque avec Yvon Le Men et Morgan, pour le 38e anniversaire de l’accident de Tchernobyl.

Morgan
Concerts
11 mai 2024 à 20h 00

Concert chez l'habitant (soirée privée)

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